dimanche, février 15, 2004

 

Ghinzu - Blow

Un album plein de l'âme qui anime ceux dont les meilleurs vivent le rock comme un appel à mener une autre vie. Il faut parcourir cet album pour le plaisir de s'y perdre et d'y découvrir les personnages les plus incroyables, les aventures les plus folles et les destins les plus poignants. Un album fait pour vous toucher vite et sans arrière-pensées, comme on exécute le rock and roll.
Les textes transpirent une sorte de dandysme vénéneux, vision sarcastique mais aussi attendrie dont s'extraient des vignettes sociales mettant en scène les héros du sexe quotidien ou brocardant les notables. Cette exquise finesse jure crûment avec l'anarchie contrôlée et jubilatoire qui émane de leurs concerts, comme pour affirmer le fil conducteur de l'album.
Ghinzu est traditionaliste, héritier jusqu’au bout des ongles d’une lignée qui appartenait au passé et qu'ils font renaître pour le futur: une nation rock confuse d'après l’avènement du capitalisme global, frileuse, repliée sur elle-même, qui portait un regard paradoxal sur ses tares présentes et sa gloire d’hier : de colère, et de nostalgie, de sexe et de violence et d'amour sans naïveté. D’un côté, la condamnation "Jet Sex" ; de l’autre, l’harmonie quasi pastorale de « My Sweet Love » et le lyrisme désabusé de « Blow ». Hargneux, rebelles à leur façon, mais aussi singulièrement délicats et — à leur sommet — des commentateurs affûtés du rock de leur temps:on sent que le couteau japonais est passé chez le rémouleur, tant la production parfois clinique refuse tout égarement à l'auditeur.Ghinzu n'est pas un groupe belge, il faut avoir connu la médiocrité de la vie belge pour apprécier l’élégance avec laquelle Ghinzu refuse d'en faire sa principale source d’inspiration. Tout le monde a droit au "boredom" et seule une poignée a le devoir de le combattre, Ghinzu en est. La technique de combat rappelle les Buzzcocks et si l'ennui n'est déjà plus dans les salons, le romantisme et la dérision ont eux aussi pris le chemin des armes. "I'm nobody's shelter, I'm nobody's cover, I'm nobody's lover, and nobody's friend "
Nobody's Fool - The Kinks

mardi, février 03, 2004

 

Rock belge francophone

Il y a résolument quelques petites choses que les groupes belges "francophones" (je suis plié) devraient arrêter de faire d'urgence.

Il faut arrêter de penser que le rock francophone est en train de prendre le relais du rock flamand exsangue et désormais incapable de reproduire l’effet Deus. C’est de la connerie. La Flandres est bourrée de bons groupes dont on entendait pas beaucoup parler avant grâce sans doute à la curiosité et à l’audace du milieu du rock wallon et dont on entendra encore moins parler désormais que ce même milieu a décidé de s’auto satisfaire de ses productions locales, érigée maintenant en fer de lance du rock national. Dans le même élan la remarque vaut pour le milieu flamand, les uns et les autres s’accusant de nombrilisme. Le fait que le « soldout wallon » de l’AB soit présenté comme un précédent trans-communautaire est assez symptomatique. Il n’y a qu’en Belgique etc…boring. Le meilleur rock de par chez nous n’est heureusement pas qualifiable de belge, la preuve en sera qu’une fois après avoir goûter aux joies de l’exotisme, les volontaires au retour seront peu nombreux.

Il faut bien s’habiller. J’en ai marre de voir des groupes sans look ou sans attitude. La plupart des groupes belges ont la dégaine des mecs entre vingt et trente ans qui ont choisi par manque d’audace ou de goût de se saper d’une manière telle que leur seul objectif semble être de ne pas se faire remarquer dans le métro. Si j’avais envie de regarder ce genre de mecs pendant 90 minutes un samedi soir, je le prendrais le métro non ? Vous êtes sur une scène les gars, on vous regarde et on prix qu’on paie on aimerait bien que vous fassiez votre possible pour être beau (même dans le laideur) et susciter chez nous qui sait, un début de passion ? A moins que ce ne soit par honnêteté ? Allons, allon, il n’y a pas de place pour ces conneries dans le rock’n’roll.

Il faut arrêter de faire le dingue investi et épileptique en concert. C’est ridicule et ça laisse à penser que le groupe est composé d’artistes intègres , dévoués corps et âme à leur art au point de faire des choses aussi folles que faire chanter sa chaussure, « c’est dire si on est dans un monde à part » ! Tout le monde sait que c’est faux.

Il faut arrêter de se la jouer, « la musique avant tout ». Se faire tailler des pipes en tournée c’est assez cool aussi non ? Et ça, au moins, tout le monde sait que c’est vrai.

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