lundi, avril 19, 2004

 

Il s'en est fallu de peu.

Qui se souvient de ces années durant lesquelles personne ne misait un sou sur l’avenir du monde ? La guerre était partout, le monde divisé, chaque partie prête à en découdre ? C’était il y 30 ans, j’avais 7 ans et je pensais que je ne deviendrais jamais adulte car les russes et les américains allaient faire exploser la planète. Je me souviens très exactement d’avoir été hanté par l’idée de la fin du monde pendant de nombreuses années, partageant en cela l’opinion la plus répandue selon laquelle tout allait « péter ».

On était inondé d’informations selon lesquelles les forces en présence disposaient de suffisamment d’armement nucléaire pour détruire plusieurs fois l’entièreté de la planète et nombreux étaient ceux qui comme moi étaient persuadés qu’une arme n’est jamais aussi « dissuasive » que lorsqu’on s’en sert.

Aujourd’hui, tout va bien, cette organisation dichotomique du monde a disparu, laissant le champ libre au capitalisme victorieux et le monde respire à nouveau. Un avenir de paix et d’amour s’ouvre à l’humanité pour des siècles et des siècles. La menace de conflit est écartée, les hommes devenus sages fraternisent et construise ensemble un monde meilleur que les générations futures nous remercieront de leur avoir laissé tel.

jeudi, avril 08, 2004

 

Le Saut de la Mort

Hier soir, après m'être appuyé quelques reportages particulièrement primesautiers sur le génocide rwandais dans l'espoir, finalement vain, de dégager de ceux-ci des éléments propres à structurer mon opinion sur le comportement génocidaire en général, il me semblait tout indiqué de me plonger dans un de mes vieux Jess Long. Mon épisode préféré ("Le Saut de la Mort") est celui où les frères Ross, cascadeurs de leur état, ambitionnent de survoler un hôtel en voiture. Très vite le drame se développe autour d'une sombre arnaque à l’héritage au sein d'un triangle amoureux assez classique, une tragédie antique à Las Vegas en somme, le combat fratricide des Etéocle et Polynice de la cascade automobile.

Et là, soudainement, la synthèse se fait, par je ne sais quel fil ténu de la volonté, sous mes yeux, la conclusion de cette joyeuse soirée de massacres, de viols, et de pleurs m’apparaît.

C’est décidé, je fais de Maurice Tillieux mon philosophe de référence. Je reprends dès ce soir la lecture de l’intégrale de Gil Jourdan, Félix et César (son œuvre peut-être la plus difficile d’abord).

Ceci n’est pas mal non plus : «Ceux d'entre les hommes à qui l'on fait du mal deviennent nécessairement pires... Par conséquent, ce n'est pas l'effet du juste de nuire». Dommage que Platon n’ait pas fait de la bande dessinée.

mercredi, avril 07, 2004

 

Tous des "miniss"

Voila quelques jours que passe à la Radio une publicité concernant une initiative publique destinée à établir un "Avant-projet de plan fédéral de développement durable 2004-2008".

Si on avait échappé jusqu’ici à l’expression « la Belgique d’en bas », cette fois on va beaucoup plus loin. J’imagine la réunion de brainstorming pour établir le contenu du message :
- Bon les gars, là on s’adresse à tout le monde, la cible c’est toute la Belgique, tout le monde est concerné, il faut éviter les clivages, faire comprendre que le développement durable c’est l’affaire de tous.
- Il faudrait que tout le monde puisse s’identifier à un personnage qui serait tellement neutre que tout le monde puisse s’y investir, se reconnaître dans une espèce de Belge indéfini et cependant rassembleur.
- Et si on prenait vraiment un gros trou de cul super débile incapable d’aligner trois mot et avec un accent à couper au couteau ?
- Excellent, j’appelle le client…

La réunion au cours de laquelle les responsables de la communication du gouvernement fédéral ont approuvé le spot ne devait pas non plus manquer de piquant.

Et la liste est longue des spots qui nous vendent qui un spectacle, une émission de télé, une bière,…en tablant sur le sous débile même pas drôle. Ecouter la radio pour le moment impose d’accepter de rejoindre le groupe de demeurés perçus comme à peine capable d’appréhender les subtiles facéties de Jos le brasseur, de Devos le fabricant de sauce ou de l’autre con qui veut être « miniss ».

Je crois qu’on est assez mal barre.

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